Lors d’une étude effectuée par le Churches’ Child Protection Advisory Service (service consultatif américain de la protection de l’enfance des églises) en janvier 2018, deux tiers des chrétiens interrogés avaient affirmé avoir déjà été victimes d’abus spirituel. Ce chiffre alarmant avait été accompagné d’un message d’avertissement car il n’existe pas de définition réelle de ce que sont la violence et l’abus spirituels. Pour eux, certains signes ne trompent pas. Sont mis en avant la contrainte et le contrôle, la manipulation et la pression, ainsi que la mauvaise utilisation des textes bibliques et la justification «divine» de certains agissements. Les bourreaux sont souvent les dirigeants ou personnes influentes de l’église mais dans certains cas, ces derniers peuvent aussi subir des abus et devenir à leur tour des victimes. Ainsi, comment reconnaître l’abus spirituel ? Le CCPAS nous en donne quelques caractéristiques :
1) Des demandes déraisonnables concernant votre temps ou vos finances
Il est normal que les chrétiens rejoignent une église locale et s’y impliquent, y compris d’un point de vue financier. Mais quand le fait d’assister aux réunions ou de donner son argent devient une obligation, et quand le comportement des autres envers vous change parce que vous ne le faites pas, cela n’est en rien normal.
2) Votre voix est réduite au silence et vos opinions sont dénigrées.
Chaque église a sa propre façon d’enseigner les doctrines qu’elle estime être justes et conformes aux Écritures. Cependant, ces enseignements devraient s’accompagner d’un respect vis-à-vis des personnes qui ont des opinions différentes ou une volonté de remettre en question ce qui est enseigné. Avant de dire amen à ce qu’il écoute, chaque chrétien doit vérifier ce qu’on lui enseigne à la lumière des Écritures. S’il estime que le discours n’est pas conforme à la Parole, il doit avoir la possibilité d’aller voir l’enseignant pour en discuter, sans être exclu par l’assemblée pour la seule et unique raison « d’avoir remis en question le sermon du pasteur ».
3) La communion fraternelle avec des chrétiens d’une autre assemblée est fortement déconseillée, contrôlée voir interdite.
Certaines églises sont hostiles à voir leur membre assister aux événements d’une autre église. Ils oublient que l’Eglise n’est ni un bâtiment, ni une localité. L’Eglise, ce sont les chrétiens eux-mêmes. En cherchant à empêcher aux brebis de communier avec d’autres frères et soeurs, ces ministères exercent un contrôle injustifié qui conduit souvent à des abus.
4) Les leaders exercent une autorité abusive sur les membres.
Lorsque les responsables d’une église essaient d’influencer vos fréquentations, de vous imposer un lieu de travail, une l’université où étudier, de définir comment vous devez passer votre temps libre voire parfois d’imposer la personne que vous devez épouser, il y a abus spirituel. Il y a une différence entre conseiller les âmes et leur imposer une direction. Le fait de devoir demander l’avis de votre église avant de prendre chacune des décisions de votre vie n’est en rien biblique.
6) L’église s’interpose entre vous et votre famille.
Diviser pour mieux régner : vous connaissez ce proverbe ? C’est une stratégie classique que certains dirigeants d’église utilisent pour asseoir leur autorité sur les membres les plus faibles. Ils n’ont aucune gêne à créer des discordes dans les familles voire à séparer les membres.
7) Les actes répréhensibles de l’église sont dissimulés au nom de la protection de la réputation de l’assemblée
Dans les cas les plus graves, certaines figures d’autorité peuvent faire preuve d’abus qui dépassent le simple cadre spirituel : des abus physiques ou sexuels justifiés par le fait que Dieu leur aurait donné des droits sur leurs victimes. Si vous êtes abusé ou exploité d’une quelque manière que ce soit (sexuellement, émotionnellement ou financièrement), vous devez tenir les responsables informés de la situation et des sanctions doivent être prises ! Si rien ne se passe et que votre voix n’est pas écoutée par soucis de protéger la réputation de l’assemblée, les responsables sont complices des bourreaux ! Nous ne pouvons dans ce cas que vous conseiller de quitter cette église au plus vite.
Les églises devraient être des lieux de communion, d’éducation spirituelle, de guérison et d’amour. Mais parfois, cela ne se passe pas comme prévu et ce notamment dans les églises qui n’ont pas été fondées sur Christ, autrement dit dont les pasteurs se sont levés sans que Dieu ne les ait appelés. L’abus spirituel se produit lorsque les membres de l’assemblée ne sont pas respectés et valorisés, mais sont perçus comme des moyens de parvenir à une fin. Apprendre à reconnaître l’abus spirituel est vital, tout comme le fait d’y tenir tête quand cela arrive.