En France, 9 personnes sont violées toutes les heures, ce qui fait pas moins de 206 viols par jour (Source : Planetoscope). 84.000 femmes seraient ainsi violées chaque année en France et seule une victime sur dix porterait plainte. Les viols et agressions sexuelles sont de véritables fléaux, et que dire lorsque ceux-ci ont lieu dans la maison de Dieu et sont commis par de prétendus serviteurs ?
Cette semaine, nous apprenions le démantèlement d’un réseau de prostitution lyonnais dont le proxénète n’était nul autre qu’un prétendu pasteur évangélique. Bien que cette histoire revête un caractère exceptionnel, celles des tentatives d’agressions sexuelles dans les églises semblent être malheureusement plus fréquentes.
Depuis la création de ce magazine il y a de cela 1 an et demi, nous avons reçu une dizaine d’e-mails de personnes ayant été victimes de viol au sein de leur église ou ayant reçu des propositions à caractère sexuel de la part “d’hommes de Dieu” et ne sachant pas si elles devaient céder aux avances ou non.
Par respect pour ces personnes, nous ne partagerons ni leur identité, ni leur témoignage, ni le nom de leur église, mais nous nous rabattrons plutôt sur le cas d’une femme sud-africaine ayant décidé de porter plainte après avoir été violée par son pasteur. Interviewée par le Daily Sun, cette chrétienne raconte avoir été violée en 2014 par son pasteur de 47 ans, alors qu’elle s’était rendue chez lui pour obtenir des conseils. Pour s’y prendre, ce dernier lui annonce qu’elle est remplie de démons et que pour la délivrer, elle doit se déshabiller afin qu’il puisse oindre (mettre de l’huile sur) ses parties intimes. Naïve, elle s’exécute. Le prétendu “homme de Dieu” la viole et la menace : si elle ne garde pas le silence, il la tuera. Quelques temps après, la femme de ce faux pasteur découvre son infidélité et le quitte, l’accusant par la même d’avoir violé leurs 2 filles de 8 et 17 ans. Une enquête pour viol a été ouverte mais nous ne savons pas quel a été le fin mot de cette sordide histoire.
Oui, les agressions sexuelles et viols existent au sein de l’Eglise, et la branche catholique n’est pas la seule concernée. Les affaires de pédophilie font souvent la une des médias, mais ce ne sont malheureusement pas les seuls cas à dénoncer. Pourquoi entendons-nous rarement parler des autres types d’agressions sexuelles ? Parce qu’il s’agit d’un sujet grandement tabou au sein de nos églises mais qui mérite néanmoins d’être traité.
Peut-être le saviez-vous déjà, mais certains prétendus “ministères de Dieu” n’hésitent pas à se servir de l’autorité qu’ils ont sur les brebis, pour satisfaire leur appétit sexuel. Grâce à leur influence et leur position haut placée au sein de la hiérarchie de l’église, ils s’attaquent aux femmes, souvent jeunes, naïves, faibles spirituellement et moralement. Lorsqu’ils ont trouvé leurs proies, ces prédateurs vont tout faire pour se retrouver seuls avec cette personne, sous couvert de mieux leur apporter l’Evangile. Ils annoncent à leurs proies qu’elles sont possédées, qu’elle ont besoin d’un rituel spécial, qu’ils ont la solution à leurs problèmes mais que cela doit se régler en privé, ou bien que Dieu leur a révélé quelque chose pour elles qu’ils ne peuvent dire que dans un cadre particulier; En bref, ils mettent tout en oeuvre pour se retrouver en tête à tête avec les futures victimes. Ils vont ainsi les inviter à venir dans leur propre appartement, bureau ou s’ils en ont la possibilité, s’inviter chez elles quand elles seront bien entendu seules. Au cours de ce rendez-vous “spirituel” qui n’en est pas un, les soit-disant “serviteurs” s’adonnent à des impositions des mains déplacées qui ne sont rien d’autre que des attouchements sexuels, demandent aux femmes de se dénuder, de se mettre dans des positions incongrues et vont parfois jusqu’à la pénétration, ce qui fait de cet acte non plus une agression sexuelle mais un viol. Après avoir commis leur méfait, ils interdisent à leurs victimes de révéler ce qui s’est passé, les menacent, leurs disent qu’elles seront maudites par Dieu si elles parlent, que personne ne les croira et autres mensonges de la sorte. Les victimes se retrouvent donc souvent seules et honteuses, gardent le silence et vivent avec le poids de cette agression des années durant dans leur église. Quant aux bourreaux, il continuent à se tenir devant la chaire comme si de rien n’était, profitent de longs et beaux jours au sein de leur assemblée et ont sans doute déjà jeté leur dévolu sur d’autres proies.
La honte, l’appréhension du regard des autres, les menaces de l’agresseur, la peur d’avoir mal-interprété un geste, d’être maudit, de ne pas être cru par l’assemblée, de se retrouver sans église voire d’être jugé par Dieu, sont quelques unes des raisons pour lesquelles les chrétiens(nes) victimes d’agressions n’osent pas dénoncer leur bourreau. Alors que faut-il faire ? Se taire face à cette personne soit-disant mandatée par Dieu ou parler quitte à être mis à la porte ?
Si nous levons le voile sur ces pratiques obscènes qui ont aujourd’hui lieu dans nos église, c’est pour encourager les victimes à parler. Ne restez pas silencieux(ses) face à ces actes d’une horreur absolue. Ces prétendus “pasteurs” ou “ministères” sont en réalité des prédateurs sexuels qui se servent de l’Evangile et du nom de Dieu pour assouvir leurs désirs. Ils doivent être publiquement dénoncés, démis de leur fonction et remis entre les mains de la justice ! Non, ces cas ne doivent pas être traitées entre les 4 murs de l’Eglise ! Lorsqu’un homme ou une femme commet une agression sexuelle ou un viol dans sa propre assemblée, rien ne dit qu’il n’a pas perpétré cet acte en dehors et que sa femme ou ses enfants ne sont pas ses premières victimes. Ne rien dire par peur du scandale, c’est entretenir des oeuvres des ténèbres qui doivent être exposées à la lumière. Quelle que soit la position hiérarchique de la personne, vous avez le devoir de vous rendre à la police et de porter plainte. En osant parler, vous aurez de toute évidence la surprise de découvrir que vous n’étiez pas sa seule victime. L’Eglise de Christ est malade pour bon nombres de raisons, l’une de ces raisons étant de toute évidence l’intrusion de loups dans la bergerie. Il est temps de lever le voile sur ces affaires restées cachées au fond du tiroir depuis beaucoup trop longtemps.
“Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.” (Matthieu 7:15-20)
Quelques précautions à prendre
- N’acceptez jamais de rendez-vous dans un cadre trop privé (appartement ou chambre) et si c’est le cas, assurez-vous d’avoir une personne à vos côtés. Évitez de vous retrouver seul avec un ministère du sexe opposé.
- Avant de vous rendre à un rendez-vous avec un ministère du sexe opposé, priez le Seigneur et invoquez sa protection.
- Si vous êtes une femme, il est préférable de confier vos problèmes intimes ou d’ordre sexuel à une femme et non à un homme. C’est pour cela qu’il nous semble que les femmes ont toute leur place dans le ministère au sein de l’Eglise : cela éviterait bon nombre d’abus. Dieu est un Dieu d’ordre.
- Si vous êtes dans une situation où vous vous sentez mal à l’aise et avez un mauvais pré-sentiment, écourtez le rendez-vous. Si vous êtes pris par la peur, essayez tant bien que mal de trouver une excuse pour partir au plus vite.
- Si au cours d’une prière ou d’une imposition des mains, vous avez l’impression que la personne en face de vous dépasse les limites ou va trop loin, arrêtez immédiatement la prière. Mieux vaut prévenir que guérir comme dit le fameux dicton.
- N’acceptez jamais de violation ou de dégradation de votre personne, même si c’est une autorité spirituelle qui vous le demande.
Si vous êtes une victime
- Osez parler. Peu de victimes de viols et d’agressions sexuelles osent dénoncer leur agresseur, chose tout à fait compréhensible. Pour autant, nous ne pouvons que vous encourager à libérer la parole car vous sauverez bon nombre de personnes…
- Priez. Dieu seul est capable de vous guérir. Votre restauration prendra le temps qu’il faudra, mais nous croyons Dieu capable de faire ce miracle dans votre vie. N’hésitez pas à vous confier à des proches qui sauront être une oreille attentive.
- Portez plainte. Comme expliqué précédemment, ce ne sont pas des affaires qui doivent rester entre les 4 murs des églises mais parvenir aux oreilles des autorités.
- Fuyez cette église. Suite à votre plainte, il se peut malheureusement qu’aucune mesure ne soit prise au sein de votre assemblée. Pire encore, l’église peut malheureusement vous tourner le dos et vous mettre à la porte. Si vous êtes dans cette situation, n’ayez aucune peur ou honte de partir. Avec le temps, vous finirez par retrouver une véritable assemblée où règnent l’amour et la fraternité.
- Regagnez confiance. En vous premièrement, mais aussi en l’Eglise. Bien heureusement, les véritables serviteurs de Dieu, pasteurs et ministères n’ont rien a avoir avec ces hommes ou femmes qui vous ont fait du mal.
Pour rappel, en France, le viol peut être puni de la peine maximale de 30 ans de réclusion criminelle en fonction du contexte et des actes commis, peine pouvant être accompagnée d’une surveillance de sûreté et d’un suivi socio-judiciaire (comprenant parfois une injonction de soins, dont la castration chimique). Pour les autres agressions sexuelles, l’auteur peut encourir une peine de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 € d’amende.
Vous ne savez pas à qui vous adresser ? N’hésitez pas à contacter SOS Viols Femmes Informations au 0 800 05 95 95. Ce numéro est destiné aux femmes victimes de viol ou d’agressions sexuelle, à leur entourage et aux professionnels concernés. C’est un numéro d’écoute national et anonyme. Il est accessible et gratuit depuis un poste fixe en métropole et dans les DOM du lundi au vendredi de 10 h à 19 h.